Analyse synergologique Poignée de main | Institut québécois de Synergologie

DEUXIÈME DÉBAT: LE CHOC DES TITANS

Dimanche soir eut lieu le deuxième débat à la présidence. Le format retenu, le « town hall », permet d’avoir un public beaucoup plus proche des candidats. Hillary Clinton et Donald Trump ont de nouveau croisé le fer, (sans même se serrer la main au départ!) et du point de vue du langage corporel, il y eut des constantes et des variables.

Commençons par Trump, le candidat républicain bouillant et controversé. Ce dernier a modifié une partie de son approche par rapport au dernier débat : il se voulait plus calme et patient que la dernière fois. Lorsqu’il se sentait prêt à répondre, il se mettait à marcher et prenait beaucoup d’espace sur le plateau. Cette expansion spatiale est le reflet de son sentiment de contrôle. On le sentait moins stressé que lors de la première rencontre, mais toujours sur la défensive sur plusieurs sujets, observable notamment par des gestes très proches du corps. Aussi, beaucoup de tension dans son cou et l’utilisation quasi exclusive de sa main droite pour parler lors de ses tours nous indique qu’il est bien plus stressé qu’il ne veut le laisser croire.

Le plus frappant fut lorsque la question de l’islamophobie fut soulevée, il a présenté le côté droit de son visage et sa tête est tombée à droite, signes de rigidité et de mises à distance. Même à quelques reprises, il eut besoin d’ancrage pour se recentrer lorsqu’il était attaqué directement, moments identifiables au fait qu’il agrippait sa chaise (un geste de préhension). Cela fait donc contraste avec les moments où il rôdait sur le plateau et ceci nous permet d’identifier quels sujets il croit mieux maîtriser. Quant aux éléments constants dans la stratégie de communication de Trump, le plus évident était son désir de domination. On retrouve donc une main droite crispée, paume vers le bas avec un index accusateur. Les phrases et les gestes sont courts et saccadés, surtout durant les passes plus difficiles du débat. On remarque aussi le retour des reniflements, quoique dans une moindre mesure, que l’on peut sûrement maintenant attribuer au stress.

Quant à Clinton, la démocrate expérimentée mais au parcours parsemé d’erreurs, elle fut fidèle à sa stratégie du premier débat. Elle avançait vers les gens, elle regardait les membres du public avec le côté gauche de son visage, signe de sa volonté de créer un lien. Il est donc facile d’identifier les sujets qui la dérangent plus : elle n’établit pas de contact visuel avec le public tant qu’elle n’est pas certaine d’avoir trouvé une bonne réponse.

La souplesse de ses gestes nous donnait l’impression qu’elle se sentait à l’aise durant le débat. Quelques attaques plus corsées, surtout au sujet de ses fameux courriels, l’on forcé à être plus défensive, sans toutefois la faire dévier de son objectif d’aller chercher directement le public. Lorsqu’elle ressent un malaise, c’est là qu’apparait un faux sourire figé, identifiable à l’absence de courbe dans la lèvre supérieure : la bouche ne forme pas un sourire; elle ne fait que s’étirer. On peut aussi voir que certaines accusations lancées par Trump, notamment celles concernant Bill Clinton (le mari de Hillary) et son passé, l’on réellement atteinte. On la voit se microdémanger juste à côté de l’aile gauche du nez, signe d’un malaise relié à l’image qui touche personnellement. Cette microdémangeaison eut une valeur de prédiction quant à la nature cinglante et univoque de la réponse de Clinton à ce moment. On peut donc conclure que Clinton tente de sembler le plus solide possible, mais certaines failles sont inévitablement observables.

Ce combat présidentiel, où tous les coups semblent permis, se continue le 19 octobre prochain pour le dernier débat officiel avant l’élection. D’ici là, il sera intéressant d’observer les constantes et les variables des gestes des deux candidats lors de leurs élocutions.

Les raisonnements synergologiques doivent être inférants, c’est-à-dire issus de l’observation, dans une démarche d’analyse logique par laquelle on admet une proposition en vertu de sa liaison avec d’autres propositions déjà tenues pour vraies.

L’ÉQUIPE
Christine Gagnon, Synergologue
Francis Maisonneuve, Synergologue
Julie Salvador, Synergologue
Nathalie Paré, Synergologue